Le 4 décembre en plein sommet de l’OTAN à Watford, banlieue londonienne, le président français Emmanuel Macron lance un appel aux chefs d’Etat des Pays du G5 Sahel. Emmanuel Macron leur demande alors de “clarifier” leur position sur la présence militaire française au Sahel, avançant son désir de les voir “assumer” publiquement que la présence des soldats français au Sahel est issue de leur volonté et non de “visées coloniales” de la part de l’Hexagone, et pour réévaluer “les objectifs de l’engagement français” dans la région. Initialement prévu se tenir le 16 décembre à Pau, ville où étaient basés 7 des 13 soldats français tués au Mali le 25 novembre dernier, le sommet a été reprogrammé lundi 16 décembre pour le 13 janvier 2020, après l’attaque terroriste d’Inates au Niger qui a fait 71 morts le 11 décembre et au lendemain du sommet extraordinaire du G5 Sahel tenu à Niamey dimanche 15 décembre.
Les propos d’Emmanuel Macron ont été reçus comme une convocation adressée non pas à des homologues, représentants de peuples souverains, mais à des subalternes, devant répondre à tout claquement de doigt de la part de l’Elysée.
Un tollé, plus encore, une catastrophe dans les opinions publiques africaines que certains chefs d’Etats à l’instar du président burkinabais Roch Marc Christian Kaboré ont été contraints de relayer comme ayant “manqué de tact” “sur la forme et le contenu”.
La mort des 13 soldats français est intervenue à un moment particulièrement sensible pour le président français qui fait face à une fronde sociale d’ampleur contre une réforme du système de retraites particulièrement impopulaire, à laquelle s’agrège le mouvement des “Gilets jaunes”, ou encore les mécontentements des hôpitaux et des étudiants. Dans ce contexte de crise sociale, ces décès sont venus rappeler à l’opinion française la réalité de la présence militaire de la France au Sahel, mais aussi et surtout ses questionnements quant aux raisons et à l’opportunité d’un tel engagement, de plus en plus incompris.
Alors qu’Emmanuel Macron, qui pourtant prend soin de polir son image de champion de la défense du climat, a préféré ne pas se rendre à la Cop25 organisée du 2 au 15 décembre à Madrid pour se concentrer sur ses difficultés internes, le président français a toutefois aménagé un temps pour recevoir ses homologues du G5 Sahel. De quoi interroger les motivations de ce sommet. La convocation de Pau serait-elle un coup politique de la part d’Emmanuel Macron destiné à faire d’une pierre 3 coup?
– Premièrement, hausser le ton sur une question de politique étrangère alors qu’il n’est pas en mesure de le faire face à la contestation sociale qu’il affronte en interne, donnant l’impression de reprendre le contrôle sur le dos des chefs d’Etat du G5 Sahel, et par proxy des peuples qu’ils représentent, mais dont la responsabilité dans la tragédie du 25 novembre reste pourtant à démontrer.
– Deuxièmement et de façon plus qu’hasardeuse compte tenu de la contre-performance enregistrée, se défendre vis à vis d’opinions africaines hostiles à la présence militaire française sur leur sol.
– Troisièmement, se grandir aux yeux de ses alliés de l’OTAN qui observent la France s’embourber au Sahel.
Si la mention de ce sommet continue d’échauffer les esprits sur le continent, l’Elysée annonce que 4 des 5 pays du G5 Sahel, soit Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad ont confirmé leur présence à Pau. Dans le but selon Paris de “poser les bases d’un soutien international accru aux pays du Sahel”. Seront conviés, le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, le président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki, le Président du Conseil européen Charles Michel, le vice-président de la Commission européenne et Haut représentant pour les Affaires étrangères, Josep Borrel.
Wuldath MAMA pour #ReporterBéninMonde
Laisser un commentaire