Si l’humanité savait que femme pouvait…
A travers un post sur sa page Facebook, l’ancienne ministre béninoise Reckya Madougou analyse et propose des approches sur la problématique de la représentativité parlementaire des femmes en Afrique et dans le reste du monde.
“En ces moments où le débat sur le positionnement de la femme politique en Afrique refait surface, il me plaît bien de partager avec vous quelques idées sur cette question qui gardera à tout jamais un caractère récurrent tant que sa prise en compte restera négligeable.
S’il est vrai que les femmes en politique à travers le monde ont connu parfois de remarquables parcours jusqu’à nos jours, il s’avère également constant que plusieurs obstacles ont la peau dure sur les dédales d’un meilleur épanouissement et une présence prononcée et plus contributive au développement de nos communautés. Aujourd’hui, en matière de représentativité parlementaire féminine, la moyenne en Afrique subsaharienne (ASS) n’est guère très éloignée de celle européenne, 23,8 % (ASS) contre 27,5 % en Europe. Ce qui dénote une relative mondialisation du phénomène.
Toutefois je souhaite m’attarder sur quelques approches de solution susceptibles d’induire des effets positifs sur l’ambition actuellement exprimée à travers une sorte de pacte universel autour de cette problématique. Dans l’élan d’une réelle volonté de changement de paradigme dans la sphère politique de nos pays, il faudra surtout s’engager véritablement pour l’insertion socio-économique des femmes et développer des programmes de capacitation en leur faveur afin de les motiver à s’engager en politique. Par ailleurs, les quotas qui ont permis de corriger des inégalités flagrantes et de surmonter les obstacles à l’accès des femmes à la prise de décision politique dans plusieurs pays méritent une attention particulière.
Mais, le système de quota n’est pas une solution miracle, je l’envisage plutôt comme une étape intermédiaire, une sorte « d’apprentissage des justes mœurs ». Il ne doit pas être antinomique à la compétence. Le vieux débat tendant lâchement à opposer ces deux notions devra désormais être considéré comme obsolète, d’autant que des progrès significatifs ont été observés, et qui plaident pour l’épanouissement des femmes, notamment en matière d’éducation et d’autonomisation. Encore que dans plusieurs parlements ou sphères politiques, la majorité masculine écrasante ne brille pas forcément de talents et d’abnégation.
L’autre levier important pour atteindre l’égalité genre, c’est la volonté politique de féminiser le monde politique. Il suffira pour y parvenir de regarder près de nos fenêtres. Le Sénégal à côté et le Rwanda pas si loin l’ont réussi de fort belle manière. Globalement, les décideurs politiques doivent en amont se concentrer sur les principaux moteurs de l’intégration de la dimension genre dans la démocratie. J’insisterai notamment sur l’éducation/la formation des filles/femmes, leur autonomisation économique, le leadership politique des femmes, et l’accélération des vecteurs de changement de normes sociales et législatives.
Ce combat aiderait à conférer un visage non pas seulement plus féminin mais tout simplement plus humain et plus honnête à la classe politique. Un tel nouveau référentiel ne profitera pas seulement à la femme mais à l’édification de nos États africains en pleine construction et d’un monde meilleur.”
#ReporterBénin
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