C’est tard dans la soirée de ce dimanche qu’Ousmane Sonko, Premier ministre du Sénégal et président de Pastef, s’est adressé à ses militants concernant la nomination de Dr Aoua Bocar Ly Tall au Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra). Cette nomination, qui a suscité de vives critiques au sein de son propre parti, a été l’occasion pour Sonko de tenter d’apaiser les tensions à travers un live diffusé sur sa page Facebook.
Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, fait face à des critiques répétées de son camp politique à chaque nouvelle nomination. Malgré ses tentatives de justification lors d’interviews avec la presse nationale, les nominations continuent de diviser le parti. Cette fois-ci, c’est la désignation de Dr Aoua Bocar Ly Tall, sociologue, au Cnra qui alimente la polémique. Cette décision, prise sur proposition du ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, garantit à la nouvelle membre du Cnra un mandat irrévocable jusqu’en 2030.
Le député Guy Marius Sagna a été l’un des premiers à réagir sur les réseaux sociaux, dénonçant une nomination contraire aux principes du “Projet” porté par Pastef. Sur sa page Facebook, il a écrit : “Le Président Diomaye ne peut pas confier le “Projet” à des concitoyens dont le plan était que nous soyons, peut-être, en ce moment en plein deuxième tour de l’élection présidentielle et sans candidat. C’est une question de principe.”
Selon lui, Dr Aoua Bocar Ly Tall aurait contribué à diviser le pays sur des bases dangereusement ethniques. Il demande ainsi une rectification de cette erreur, soit par la démission de la concernée, soit par son retrait du Cnra.
Les critiques ne s’arrêtent pas à la nomination de Dr Aoua Bocar Ly Tall. Les militants de Pastef exigent également la démission du ministre de la Communication, Alioune Sall, qu’ils tiennent pour responsable de cette nomination controversée. Sur internet, les appels à son départ se multiplient.
Face à la montée des tensions, des voix autorisées au sein du parti Pastef appellent au calme. Le président de l’Assemblée nationale et le député Amadou Ba ont exhorté les militants à continuer de faire confiance au gouvernement.
Cependant, plusieurs sections communales de Pastef expriment leur mécontentement à travers des communiqués. Elles dénoncent “la promotion des adversaires et ennemis du Projet” par le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, son Premier ministre, Ousmane Sonko, et leur gouvernement. Les critiques portent également sur “le maintien des éléments du régime apériste dans des instances de décision, le manque de considération envers la base militante, et la promotion des alliés de circonstance au détriment des militants de la première heure.”
Cette contestation interne met en lumière une crise de confiance entre la base militante et les dirigeants du parti. Le président Bassirou Diomaye Faye, bien que conscient des défis, a tenu à rappeler lors de ses interventions médiatiques qu’il doit parfois faire des arbitrages en tant que chef de l’État. Pourtant, son message peine à convaincre les franges les plus critiques de son parti.
Cette situation soulève des questions sur la cohésion interne de Pastef et sur la capacité de ses dirigeants à gérer les divergences au sein du parti. Le linge sale, comme le dit le proverbe, devrait se laver en famille. Mais pour Pastef, il semble que cette corvée se fasse désormais au vu et au su de tout le monde.
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