Vers une clarification de l’espace politique : au-delà des notions d’opposition et de mouvance
Je soutiens que l’élimination des termes « opposition » et « mouvance » de notre vocabulaire politique pourrait grandement clarifier l’espace politique. En se concentrant sur les partis politiques pris individuellement, nous serions en mesure d’identifier chaque courant selon son programme et ses valeurs fondamentales.
Dans nos pays, les termes « opposition » et « mouvance » sont souvent galvaudés, obscurcissant ainsi le paysage politique. Ils permettent à des entités dépourvues de vision ou de programme de s’immiscer dans le débat public, se regroupant sous ces étiquettes pour critiquer sans proposer ou pour soutenir le chef de l’État sans réelle intention d’élaborer une alternative constructive. Cette dynamique, devenue la norme, engendre une instabilité qui entrave le développement de nos sociétés.
Lorsque des partis politiques s’allient sans partager de valeurs communes, simplement pour évincer un rival et prendre le pouvoir, sans intention de promouvoir un véritable développement, ces alliances se révèlent souvent éphémères. En effet, une fois au contact du pouvoir, les divergences émergent, créant des tensions ethniques et des oppositions au sein du corps social. Ce phénomène déstabilise nos États et nuit à nos processus de développement. Il est essentiel qu’un parti politique se définisse par un programme clair, qui serve de base à son opposition à d’autres programmes, et non à des personnes.
Dans notre contexte, que ce soit ceux qualifiés abusivement de « mouvance » — terme qui désigne des mouvements sociaux ou politiques souvent en réponse à des enjeux sociétaux spécifiques — ou ceux désignés comme « opposition », aucun ne présente de programme clair à la population. Cela soulève une question cruciale : sur quelle base les soutiens politiques du président se fondent-ils, sachant qu’aucun président n’est issu d’un parti politique structuré ?
En retirant les termes « opposition » et « mouvance » de notre lexique, nous découvririons que de nombreux partis n’existeraient plus. En effet, il est trop facile de se draper derrière l’étiquette « opposition » pour éviter de proposer des solutions, tout comme il est simple de se ranger sous la bannière de la « mouvance » pour approuver sans questionner.
Il est temps de considérer que nous ne faisons pas face à une véritable opposition ou à une mouvance, mais à des partis politiques et à des groupes de pression. En adoptant cette perspective, nous gagnerons en clarté et en compréhension de notre espace politique.
Boni Richard Ouorou Politologue
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