Baromètre de Reporter Médias Monde traduit par le recueil des avis des citoyens sur la question que ces nominations sont du savoir gré et qu’elles sont sans réels enjeux… Au delà, notre lecture…
Selon le décret présidentiel, les ministres conseillers contribuent à la préparation des discours politiques dans lesquels il font valoir les idées, les options et les opinions du Gouvernement, de manière à informer la population et à lui expliquer certaines prises de position du Gouvernement ; Ils se renseignent et prennent en considération tous les éléments d’une situation donnée afin d’être en mesure de proposer des solutions pertinentes au chef de l’Etat…
La nomination des douze membres composant le collège des ministres conseillers au Bénin marque un tournant stratégique en fin de règne pour Patrice Talon à l’approche des élections générales de 2026 mais relance tout de même la controverse sur la compétence politique. Alors que le président Patrice TALON ne peut plus se représenter, le choix de ces compétences politiques révèle l’habileté de l’actuel homme fort du pays à déployer voire réajuster même si de façon obtus ses plans pour peser de tout son poids même après la fin de ses mandats… Il faut croire que pour les uns on a dû compter sur la sagacité à toute épreuve, l’influence par le contrôle de certains environnement, et l’honnêteté apparente.
Sans nul doute, Patrice Talon renforce ainsi les piliers de son action gouvernementale et consolide l’allégeance de ses alliés politiques. Ces choix suscitent tout de même réflexions sur leur pertinence, et leur impact sur la dynamique politique actuelle. Ils en disent long également sur le souci pour l’actuel chef d’Etat de veiller à la production de l’opinion légitime fondée sur la réalité non travestie de son action politique pour construire une nation forte et résistante…
La composition de ce collège fait lire un subtil mélange entre reconnaissance politique et valorisation de compétences sectorielles. Certains profils, comme Dr Jacques Ayadji, nommé ministre conseiller aux infrastructures, à la gouvernance locale et au cadre de vie, démontrent une grande cohérence. Directeur des transports et président d’un parti politique, il connaît parfaitement les rouages du technique dont il assure le continuum . Le Pdt du parti politique Moele Bénin, dans ses nouvelles fonctions tiendra au mieux les convergences sociales par sa proximité avec les groupes sociaux et sera un excellent raccourci d’information pour porter de façon directe la parole présidentielle.
Les nominations de Claudine Prudencio ou Dr Sèdami Médégan Fagla, semblent dicter par des considérations hautement politiques. Leur loyauté envers le régime est indéniable, mais le débat se fera sur la compétence spécifique notamment de la Cheffe de parti flanquée au ministère de la sante. Dr Sèdami MEDEGAN FAGLA peut se gargariser à souhait de son profil d’enseignante des sciences des universités et elle donne l’air d’un interlocuteur bien que contrasté mais adéquat pour un certain segment de la population. Outillée, elle va déchiffrer le sens des perceptions selon le niveau culturel et la position sociale des concitoyens pour fournir des éléments cognitifs utiles à l’orientation politique et électorale. Claudine Prudencio, bien que cheffe de parti de la majorité présidentielle, ne dispose pas d’un profil technique dans le domaine de la santé mais sa présence au delà de l’image du savoir-gré que ça renvoie dans l’équipe peut se justifier par la nécessité d’élément à compétence sociale pour entretenir un lien cohérent et régulier de la masse au politique.
Ces nominations interviennent dans un contexte politique particulier, à un an des élections générales de 2026 et la présence de l’acteur politique Rachidi Gbadamassi vaillant affidé à Patrice Talon en dit long. C’est une reconnaissance politique se traduisant par un retour dans l’appareil d’État après son échec aux législatives de 2023. Le positionnement de Gbadamassi ne tient pas à sa maitrise d’éléments normatifs liés à une connaissance savante politique mais essentiellement à son influence, à sa promptitude et à son degré d’implication dans le débat politique pour déconstruire les informations contrariantes dans la production des opinions sur les sujets politiques. Dans la pratique, nous aurions profit à nous interroger si l’ex député, habitué à multiplier les déclarations incendiaires, devra malgré lui cohabiter désormais avec le calme et la discrétion exigés au ministère de la Défense ?
Fort à polémique, le collège de ministres conseillers au delà d’assurer un suivi efficace des politiques publiques sur le terrain est largement interprété par une certaine opinion comme une volonté du chef de l’Etat à maintenir un contrôle étroit sur la mise en œuvre de ses actions et sa diffusion sociale, tout en récompensant les figures politiques qui ont soutenu son régime. Pourrait-on en toute cohérence penser que c’est peut être aussi une reconnaissance des limites des ministres actuels peu doués à traduire l’action gouvernementale dans un langage politique?
La nouvelle dénomination rafraichissante pour changer du “conseillers du chef” ne légitime pas de facto les attributs de cette influente nouvelle armée de Patrice Talon, elle ne modifie pas non plus le regard du citoyen ordinaire sur le système et elle n’est pas sans risques. La diversité des profils, combinée aux intérêts parfois divergents des nouveaux conseillers, pourrait créer des frictions avec les ministres en poste. De plus, l’inutilité de ce collège est intempestivement proclamé par l’opposition et une certaine opinion qui y voient un stratagème politique et un dispositif de dilapidation des deniers publics. Il faut croire que le collège pourrait devenir un nouvel hobbies de contestation surtout que le président pourrait être libre d’en nommer autant qu’il le souhaite…
Le réel enjeu est pour ces conseillers de dépasser les logiques de récompense politisées pour jouer un rôle majeur dans cette fin de règne. La crédibilité du collège dépendra d’abord de sa capacité à apporter des solutions politiquement adaptées, à réactiver le lien social et à éviter les écueils d’un dispositif lourd ou redondant mais ensuite à ne pas être l’armée sans intelligence prête à faire fi de tout principe pour livrer la nation au plus offrant. Alors que les préoccupations sont toutes autant électorales que sociales ces nominations sont une réponse politique astucieuse mais non exempte de défis. Le temps dira si le pari sera gagnant.
La Rédaction, Reporter Médias Monde
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