Plus de 06 Mois après la prise de pouvoir du Duo Diomaye-Sonko, le Sénégal se prépare pour de nouvelles échéances, lesquelles dessineront de francs contours à l’exercice de pouvoir et offrira au duo présidentiel les armes pour une gouvernance effective. Ainsi, les élections législatives sénégalaises du 17 novembre 2024 s’annoncent comme un véritable tournant dans la configuration politique du pays. Avec le retour inattendu de Macky Sall sur la scène politique, la candidature de Barthélémy Toye Dias, maire de Dakar, numéro 2 de khalifa Sall et les positions stratégiques d’Amadou Bâ et du parti PASTEF, le paysage politique sénégalais est marqué par des alliances mouvantes et d’intenses luttes internes. Les enjeux pour ces élections sont considérables, car elles détermineront l’équilibre des pouvoirs dans un contexte post présidentiel tendu.
Le retour inattendu de Macky Sall à la tête de la coalition Takku Wallu Sénégal (TWS)
L’ancien président Macky Sall, qui avait officiellement renoncé à briguer un troisième mandat lors des élections présidentielles de mars 2024, fait un retour surprenant sur la scène politique avec la coalition Takku Wallu Sénégal (TWS). Ce retour marque un véritable coup de théâtre et soulève des questions sur les motivations profondes de Sall. Diriger la liste de cette coalition montre son ambition de maintenir une influence significative dans la vie politique sénégalaise, même après avoir quitté la présidence. Son objectif est clairement de conserver le contrôle du Parlement et de rester un acteur incontournable dans la prise de décision politique du pays.
Pour Macky Sall, ces élections sont une occasion de réaffirmer son poids politique et de contrer les forces qui pourraient fragiliser son héritage. Son retour galvanise une partie de l’électorat, notamment les zones du nord et du centre où il reste populaire, mais il suscite également de vives critiques de la part de ceux qui y voient une manœuvre pour continuer à exercer son influence en coulisses. L’alliance avec le Parti Démocratique Sénégalais PDS de Me Wade est aussi une autre force de cette coalition qui il faut le signifier contrôle la première ville religieuse et deuxième influence politique et économique. La grosse interrogation est de savoir si les communautés leur resteront fidèles…
Le défi de Barthélémy Toye Dias et la Coalition Sam Sa Kaddu
L’actuel maire de Dakar, Barthélémy Toye Dias, est la tête de liste de la Coalition Sam Sa Kaddu, une coalition qui regroupe la nouvelle donne politique comme Anta Babacar NGOM, la seule femme candidate à la présidentielle dernière, Pape Djibril FALL, ancien journaliste, député et candidat malheureux à la présidentielle dernière, Bougan Gueye Dany, homme d’affaire influent et leader de Gueum Sa Bopp, Déthié FALL, ex allié et très proche de l’actuel premier ministre et autres… Après avoir consolidé sa position à la mairie de Dakar, Dias ambitionne désormais de jouer un rôle plus prépondérant au niveau national. Pour lui, les élections législatives représentent une opportunité de marquer une rupture avec l’ancien régime et de proposer une vision alternative pour le Sénégal.
Le principal défi de Barthélémy Dias réside dans sa capacité à élargir sa base électorale au-delà de la capitale. Dakar est certes une place forte de son pouvoir, mais il devra convaincre les électeurs des zones rurales, où les logiques politiques sont souvent dominées par des alliances traditionnelles comme le Parti Socialiste son ancien parti. S’il parvient à mobiliser autour de sa candidature, il pourrait non seulement renforcer son pouvoir, mais aussi préparer le terrain pour une potentielle candidature présidentielle en 2029.
Amadou Bâ et la Coalition Jam Ak Jariñ : Un pari risqué
Amadou Bâ, ancien Premier ministre sous Macky Sall et deuxième à l’élection présidentielle de mars 2024, mène la liste proportionnelle de la Coalition Jam Ak Jariñ. Fort de son expérience et de son positionnement central dans l’échiquier politique, il cherche à se détacher de l’ombre de Macky Sall tout en capitalisant sur sa popularité dans certains segments de la population.
Aller seul aux législatives est un pari risqué pour Amadou Bâ. D’un côté, il a l’avantage de son indépendance et de son image de technocrate compétent. De l’autre, il devra affronter les critiques sur son ancien lien avec le régime de Sall. S’il réussit à obtenir une majorité ou à défaut un nombre conséquent de députés au Parlement, Amadou Bâ pourrait devenir l’homme fort de l’opposition sénégalaise, voire l’un des acteurs clés pour 2029. Cependant, un échec le condamnerait à une marginalisation politique, surtout dans un contexte où l’électorat est en quête de renouveau.
Le PASTEF : la continuité après SONKO ?
Vainqueur de la présidentielle de Mars 2024, le PASTEF encore marqué par l’emprisonnement de son leader Ousmane Sonko, aborde ces élections avec une pression intense. En tête de liste, l’actuel Premier ministre, choisi pour maintenir l’élan du parti, devra démontrer la capacité du PASTEF à résister en cas d’absence physique de Sonko si la requête de la coalition conduite par Macky Sall est validée par le conseil constitutionnel. Le parti mise tout de même sur la sympathie populaire acquise par Sonko et sur une base électorale jeune, mobilisée autour des thématiques ayant contribué à leur sacre que sont le changement du système, la justice sociale et de lutte contre la corruption etc…
Toutefois, le PASTEF court le risque de subir une perte significative si ses électeurs se démobilisent en l’absence de leur leader charismatique mais il y a pire! On se rappelle que le Parti au pouvoir est sorti gagnant des dernières élections avec plus de 54 du suffrage exprimé mais pas sans les alliés frustrés de la coalition DIOMAYE PRESIDENT comme le PDS et plusieurs autres mouvements qui finalement ont quitté le navire. En cas de mauvais résultats, le parti pourrait se retrouver fragilisé et divisé, ce qui mettrait en péril ses chances de continuer à jouer un rôle majeur sur la scène politique sénégalaise. Une victoire, en revanche, consoliderait sa position faciliterait la gouvernance et garantirait un contrepoids efficace face à l’opposition.
Le destin du pouvoir en jeu
Ces élections législatives s’annoncent cruciales pour l’avenir du pouvoir au Sénégal. Une défaite de l’un ou l’autre des camps pourrait radicalement redéfinir les rapports de force dans le pays. Si Macky Sall parvient à remporter une majorité, il pourrait continuer à lourdement influencer les décisions politiques à travers l’Assemblée et livrer une guerre sans merci au nouveau régime. Une victoire de la coalition de Barthélémy Dias ou du PASTEF va rebattre les cartes du pouvoir et pourrait ouvrir la voie à une opposition plus dynamique. Quant à Amadou Bâ, son sort semble plus incertain, mais il pourrait bien émerger comme le principal challenger s’il parvient à s’imposer lors de ce scrutin.
En somme, les législatives du 17 novembre 2024 au Sénégal sont un test réel pour Ousmane SONKO et ses adversaires et un moment de recomposition politique majeure au Sénégal.
La Rédaction, Reporter Médias Monde
Laisser un commentaire