Crise en Guinée-Bissau : Aristide Gomes pointe du doigt 05 dérives du Président Embaló
La Guinée-Bissau, plongée dans une crise politique prolongée, voit ses institutions en proie à des dysfonctionnements graves, selon les récentes déclarations de l’ex-Premier ministre Aristide Gomes. Invité de Pesce Hounyo sur un live du média Reporter Médias Monde, Gomes a livré des révélations choquantes sur la gestion du pays par le président Umaro Sissoco Embaló, pointant quatre éléments clés qui, selon lui, est l’expression de ce que l’actuel président va dans le décor.
- La nomination controversée des membres de la Cour Suprême
L’une des principales dénonciations d’Aristide Gomes concerne la nomination des magistrats à la Cour Suprême. Selon l’ex-Premier ministre, cette nomination est « anticonstitutionnelle ». Il explique que le président de la République n’a pas le droit de nommer ces magistrats, une prérogative qui devrait revenir à d’autres institutions en vertu de la constitution du pays. Pour Gomes, « il n’y a pas de cour suprême aujourd’hui en Guinée-Bissau ». Il insiste sur le fait que le processus de nomination des membres de la plus haute juridiction du pays a été détourné, créant ainsi une situation d’illégalité, ce qui constitue un coup de frein à la séparation des pouvoirs.
- La commission nationale des élections : un vide juridique
Autre point de friction soulevé par Gomes : la Commission nationale des élections (CNE). Il affirme sans détour que cette commission n’existe pas. « Elle n’existe pas en terme légale ». Selon lui, la CNE ne remplit pas son rôle constitutionnel, car le président de la commission des élections devrait être un magistrat, élu par l’Assemblée nationale, suite à une proposition du parti vainqueur des élections. Or, le président n’a pas permis que l’Assemblée élise un nouveau président de la commission, empêchant ainsi la tenue d’élections légitimes. En l’absence de cette commission fonctionnelle, la situation devient encore plus complexe dans le cadre du processus électoral.
- Une promesse non tenue : des preuves de tentative de coup d’État ?
Aristide Gomes revient également sur une promesse non honorée par le président Embaló. Ce dernier avait affirmé détenir des preuves concernant une tentative de coup d’État orchestrée par le président de l’Assemblée nationale. « Il avait promis qu’il détenait les preuves du coup d’état que le président de l’Assemblée Nationale avait organisé ». « On attend toujours » a-t-il confié avant de poursuivre que cette promesse est restée sans suite. Il n’a pas manqué d’insister sur l’absence de toute action concrète pour éclaircir cette affaire. L’ancien Premier ministre s’interroge sur les motivations du président et sur l’impact de ce silence dans le contexte politique tendu du pays.
- Dissolution de l’Assemblée nationale et non-convocation des élections
La quatrième dénonciation qu’aborde l’homme est relative à la question de la dissolution de l’Assemblée nationale, intervenue six mois après au lieu de 12 mois (échéance légale). Selon lui, cette dissolution, qui aurait dû être suivie de la convocation d’élections législatives anticipées par le même décret, a été accompagnée d’un vide politique supplémentaire. Les élections prévues n’ont pas été convoquées à temps, prolongeant ainsi la crise institutionnelle du pays.
- La gouvernance personnelle et autoritaire d’Embaló
Aristide Gomes dénonce ce qu’il appelle une gestion strictement personnelle de la gouvernance par le président Embaló. Il souligne que, pendant près de cinq ans, le président a mis en place des gouvernements successifs, qu’il appelait des « gouvernements d’initiatives présidentielles », sans aucune légitimité parlementaire. « Le président crée un gouvernement propre à lui », lance-t-il avant de poursuivre en ces termes : « Pendant presque 5 ans, il crée des gouvernements successifs qu’il appelle des gouvernements d’initiatives présidentielles »..
Ces révélations dressent un portrait accablant de la gestion politique du président Umaro Sissoco Embaló, et alimentent les critiques sur sa manière de diriger le pays. Si certains considèrent ces dénonciations comme des signaux d’alarme, d’autres rappellent que ces dysfonctionnements sont loin d’être nouveaux dans un pays habitué aux crises politiques et aux tensions institutionnelles.
Le défi qui se pose aujourd’hui est de savoir si la Guinée-Bissau pourra surmonter cette crise politique prolongée et reconstruire ses institutions sur des bases solides. La communauté internationale, notamment la CEDEAO, continue de suivre avec attention l’évolution de la situation dans ce pays de l’Afrique de l’Ouest, conscients que les répercussions de cette crise pourraient dépasser les frontières du pays.
La Rédaction, Reporter Médias Monde Groupe
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