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BILAN RUPTURE : WILFRIED LÉANDRE HOUNGBEDJI, LE TRÈS CONVAINCU OU LE SUIVEUR DOCILE?

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“L’ambiance générale et délétère appelle à la suspicion…” Propos tenus en 2010 et exprimant des craintes à l’approche des élections… Wilfried Léandre Houngbédji est aujourd’hui porte-parole et Secrétaire Général Adjoint du Gouvernement du Bénin. Ancien Journaliste, analyste politique et auteur, il était reconnu pour ses critiques vertes du gouvernement de l’ancien président Thomas Boni Yayi. En 2014, cet extrait de ses vœux sur son blog : “Certains, juchés en haut là-bas, d’où ils n’ont plus prise sur nos réalités, qu’ils connaissaient d’ailleurs peut-être à peine, ont dû vous dire que tout va bien dans le pays, et qu’ils feront encore plus pour que ça aille totalement bien…” Aujourd’hui plusieurs voix à tue tête font ce même parallélisme sans échos au régime auquel il appartient et il répond à son tour que tout va bien et que la pauvreté a reculé.

À son actif, “Chroniques d’une élection annoncée fatidique” à travers lequel il fait une analyse de la situation politique d’alors au Bénin et fait part de ses perspectives des élections de 2011; «Scandales sous Yayi et «Liberté et devoir de vérité» lancés respectivement en 2008 et 2009. 

Son essai intitulé “Scandales Sous Yayi” publié en 2008 illustre à merveille son indignation face aux nombreux scandales qui ont émaillé la gouvernance de Boni YAYI. En 2010, lors d’un entretien avec le média DW, et analysant les perspectives incertaines et nuageuses des présidentielles de 2011 il déclarait :Nous voyons des signes qui n’appellent pas à l’optimisme dans le sens de la tenue d’élections pacifiques; élections crédibles.” Une inquiétude légitime qui en dit long sur son fervent engagement pour les valeurs démocratiques.

À L’avènement de Patrice Talon en 2016, Wilfried Léandre Houngbédji, journaliste du média public va opérer un changement de cap dans sa carrière en acceptant d’abord le rôle de Directeur de communication de la présidence avant d’être promu Porte parole et ensuite Secrétaire Général Adjoint du gouvernement. Un virement prometteur pour nombre de ses lecteurs et béninois idéalistes qui occultaient que ces nouvelles fonctions l’impliqueraient entièrement dans la gouvernance et lui retireraient toute aptitude de remise en cause de la stratégie de gouvernance politique.

Si aujourd’hui, au régime de Patrice Talon il est fait avec insistance le reproche de l’inexistence d’une politique sociale à impact réel sur le panier de la ménagère, le porte parole a tôt fait d’oublier ses vœux de 2014 à travers lesquels il rappelait qu’une boule d’akassa est devenue “nivaquine” : “Moi je vous dis que dans ce pays nous vivons de moins en moins et vivotons beaucoup. Nous, du vrai peuple, nous qui savons qu’une boule d’akassa de 25 FCFA dans Cotonou n’est pas plus grosse qu’un citron ordinaire pour ne pas dire avec humour que c’est devenu « nivaquine », nous qui passons des jours et surtout des nuits entière sans électricité, nous encore qui passons des journées sans qu’un mince filet d’eau s’intéresse à notre robinet, nous enfin de plus en plus interdits de parole, nous savons que les choses ne vont pas comme ils disent qu’elles vont. Elles vont plutôt comme ils n’ont aucune conscience qu’elles vont et comme elles ne devraient pas aller. ” Le porte parole du gouvernement de la rupture sans cesse interpellé aujourd’hui sur le taux de pauvreté répond avec fermeté que la politique engagée depuis 2016 fonctionne et fait ses preuves… il soutient que le taux de croissance économique est inédit… et renchérit : « de façon formelle, suivant les standards internationaux, la pauvreté a reculé au Bénin »

Que retiennent les béninois de lui? Nous avons posé la question aux internautes. Certains lui expriment leur admiration. François Allande : “Il est un professionnel des médias. Il est bien posé à son poste, c’est son destin. C’est un exemple pour la jeunesse.” ; Liady Samadi : “Il est éloquent et il a la rhétorique.” Eric Ouorou: “Sans doute une ascension fulgurante tel que le souhaiterait quiconque notamment en matière politique. Mais à la descente, il y a souvent des prix à payer. Qu’en sera-t-il particulièrement de son cas? Seul l’avenir nous le dira. Quant aux critiques, il ne joue que son rôle comme n’importe qui le ferait. Sauf qu’il n’est peut-être pas sans savoir qu’on explose bien souvent qui s’expose.


Cependant, il y a des critiques plutôt sévères dont celles de ces internautes Joël Patrick Dodde : “Wilfried Léandre Houngbédji se dit intègre et démocrate. Voilà qu’il est le porte-parole d’un régime qui n’est ni intègre ni démocratique. J’avoue que je ne sais pas comment il arrive à concilier tout cela sans que sa conviction profonde ne soit rabotée ou pervertie.” ; “Pur échec” Daniel Edah Kodjo; Siméon Agossou ” Léandre essaie juste de défendre l’indéfendable pour se maintenir financièrement sinon le bilan de la rupture est un bilan catastrophiquement mitigé…”


Ce qui en ressort nous incite à réfléchir sur l’intégrité au sein d’un système politique complexe. In petto, peut-on réellement concilier ses convictions personnelles avec les exigences de ses fonctions et s’y tenir lorsque les enjeux sont de cette taille? Certains observateurs se demandent s’il n’a pas sacrifié ses idéaux sur l’autel des honneurs et des promotions. Sa récente déclaration, : « Quand je rentre le soir, j’ai le cœur tranquille », faite lors d’une rencontre avec des étudiants, laisse entendre qu’il a trouvé un certain équilibre. Que demander de mieux? Toutefois on est bien d’accord que la frontière est bien fine entre les convictions et les intérêts.

Nous qui, jeunes diplômés, désespérons de ne pas trouver un emploi décent, les voyons s’employer méthodiquement à combattre et à décapiter les nationaux créateurs d’emplois. Comme si leur slogan non extériorisé, était une parfaite copie de l’ancien temps : « A bas la bourgeoisie »…” Dans ces propos, est bien saisissant le paradoxe de la position du passé à celle du présent, où l’on est comptable d’un système qui a aussi “éloigné”, “emprisonné” et “décapité” plus d’un…


La trajectoire de Wilfried Léandre Houngbédji est symptomatique des défis auxquels sont confrontés les acteurs et cadres politiques au Bénin. Alors qu’il navigue entre son passé de journaliste critique et son présent de porte-parole du gouvernement, que deviendront demain alors ces convictions une fois sa mission terminée, les reprendraient ils à nouveau ou à nouvelle position nouveau prisme d’analyse? Pourrait-il un jour retrouver sa voix très audible et très crédible d’ancien journaliste? La complexité du monde de la politique révèle sans doute à l’épreuve de grandes discordances entre les aspirations démocratiques tranchées et la réalité même du pouvoir. Le cheminement de celui qui inspire nombre de jeunes journalistes suscite des interrogations sur la cohérence dans l’engagement et sur l’évolution des convictions personnelles face aux exigences d’un pouvoir politique.

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