Près d”une cinquantaine d’années après, l’histoire revient sur une affaire rocambolesque digne d’un film policier. Une histoire vraie qui retrace la barbarie d’un amant qui a sauvagement assassiné le mari de sa maîtresse avec la complicité de cette dernière. C’est aussi une histoire qui met en exergue le professionnalisme de la police d’alors et l’une des décisions fortes du régime révolutionnaire juste après l’avènement au pouvoir du commandant Mathieu Kérékou. Une des première fois où l’application de la peine capitale a reçu l’assentiment d’une importante frange de la population fatiguée des exactions des criminels…
Voici la triste histoire du lieutenant Taïgla
Nous étions en 1972 à Cotonou où cette affaire du lieutenant des Douanes Léon Taïgla éclata.
C’est le couple Léon Taïgla et Thérèsa Hountondji qui vivait à la cité douanière de Ganhi (résidence de fonction), actuellement emplacement du Service d’intervention rapide des Douanes béninoises (Service Contentieux) à côté de Azalaï Hôtel.
Comme cela arrive des fois dans un foyer, le couple a commencé par avoir des difficultés de compréhension parce que la femme a commencé par soupçonner son mari d’avoir des maîtresses et que ce dernier ne s’occupe plus bien d’elle. Alors, elle aussi décida de se trouver un amant en la personne du tueur à gages, Ahotin habitant à l’époque le gros village de Godomey. Une fois ayant pris goût de ses fréquentations extra-conjugales avec son nouvel amant, dame Thérèsa Hountondji décida de mettre fin aux jours de son mari légalement marié, le lieutenant des Douanes Léon Taïgla. Elle informa son amant de son projet funeste. Celui-ci se proposa de trouver les tueurs à gages de son acabit pour exécuter le programme contre la rançon de 20.000 F. CFA (c’est beaucoup à l’époque) et 10 litres de Sodabi. C’est ainsi qu’un soir, les malfaiteurs passèrent à l’acte en se positionnant dans différents endroits de l’appartement et de la résidence du douanier. Mais bien avant, dame Thérèsa prit soin d’enfermer leur fille Florence, à peine âgée de 13 ans, à l’intérieur de la cuisine et maintenant leur chien dans les liens d’une chaîne.
Le lieutenant Taïgla ne doutant de rien, rentre à la maison et accède directement à sa chambre à coucher. Au moment où ce dernier s’apprêta à se débarrasser de sa tenue de service, il reçut un coup violent d’un gourdin que lui asséna l’amant Ahotin caché derrière la porte de la chambre conjugale du couple. Le douanier encore debout tenta de répliquer à son agresseur. C’est en ce moment que son épouse entra dans la danse par derrière et le ramasse par les pieds. Ce qui fait renverser le pauvre douanier Taïgla. Un cri d’alerte de l’amant fait rentrer dans la chambre les autres tueurs à gages. Ensemble, ils finissent avec le malheureux Léon Taïgla qui passa de vie à trépas.
Maintenant, il fait se débarrasser de la dépouille mortelle du de cujus. C’est ainsi qu’ils mirent le corps dans un sac de jute préparé à cet effet. Puis, ils tentent après de transporter le colis jusqu’à la plage en face de la résidence pour faire disparaitre le corps dans l’océan Atlantique. Le chien déjà enchaîné ayant eut le flair que quelque chose de grave est arrivé à son maître s’est débattu dans ses liens et réussit à se déchaîner. Il prit en chasse les malfaiteurs qui n’ont eu la vie sauve en ce moment-là de leur crime qu’en prenant leurs jambes à leurs vous. Qui pour prendre par le portail de la résidence qui pour prendre par le mur pour vite s’échapper à la furie du chien subitement devenu enragé.
Le colis étant resté seul aux bras de dame Thérèsa, cette dernière eut l’idée d’appeler la police à qui, elle déclare au téléphone qu’au retour du cinéma VOG très en vogue à l’époque où elle est allé regarder un film, qu’elle a découvert le corps de son mari à la maison gisant dans le sang.
Vu la qualité du de cujus, Lieutenant des Douanes dahoméennes à l’époque, le Commissariat central de Cotonou dirigé à l’époque par le Commissaire Pascal TCHIAKPÈ débarqua aussitôt sur les lieux du crime. Intriguée par les circonstances du drame, avant toute autre action, la police décida d’auditionner d’abord leur fille Florence, entre temps libérée de la cuisine par sa maman. C’est lors de son audition que la petite informa la police qu’elle ne connaît pas les circonstances de la mort de son papa. Mais qu’avant qu’elle ne vienne voir le cadavre de son père à terre, sa maman m’avait entre temps enfermé dans la cuisine. C’est ainsi que invahie de questions pointues, dame Thérèsa Hountondji finit par passer aux aveux et vitæ les noms de ses complices.
La police entreprit de procéder à l’arrestation de tous les tueurs à gages. La traque fut mise sur les criminels tous appréhendés en l’espace d’une semaine. Seul l’amant Ahotin était introuvable. Ce dernier s’était réfugié à l’époque dans la zone marécageuse et très touffue de hautes herbes d’Agla, emplacement actuel de la pâtisserie Pantagruel en face du Stade de Kouhounou. Ahotin dans cette forêt de l’époque se faisait approvisionner tard le soir par un de ses neveux qui avait pour méthode, une fois arrivé à la lisière de la forêt, de siffler d’une manière particulière qui alerta le “fauve” à sortir de sa tanière pour réceptionner les vivres à lui apportées. La police étant très arc-boutée sur l’enquête finit par découvrir le manège de Ahotin et son neveu. Ce dernier arrêté passa aux aveux et entreprit de collaborer avec la police pour prendre le fugitif. Le jour fut fixé et les agents de la police par dizaine de sont postés de parts et d’autres du sentier d’où surgi souvent Ahotin pour réceptionner ses vivres. Le get-appen ourdi avec la complicité du neveu, Ahotin, ignorant de la souricière, sortit de sa cachette comme d’habitude pour rencontrer son neveu lorsque le grappin de la police fut mis sur lui. Il est raconté qu’à son arrestation, il menaça son neveu de te le tuer une fois qu’il serait libéré. Effectivement, Ahotin qui détenait un grand pouvoir mystique était très craint dans son milieu de Godomey.
Le dossier du crime étant confié à la justice, toutes les diligences furent accomplies jusqu’à ce qu’une Cour d’assises se tienne pour décider du sort des tueurs à gages qui sévissaient à l’époque à Cotonou puis, allèrent se réfugier à Godomey qui, à l’époque, était un gros village loin de ce qui constituait Cotonou étendue de l’ancien pont et s’arrêtant au quartier Gbégamey.
A la veille de la tenue du procès des intéressés, les jeunes révolutionnaires avec à leur tête le Commandant Mathieu KÉRÉKOU, fraîchement arrivés au pouvoir à l’époque et voulant imprimer leur marque et donner un signal fort, décidèrent de passer aux armes dame Thérèsa Hountondji et ses comparses. Alors que dame Thérèsa Hountondji avait fait recours à un célèbre Avocat Sénégalais qui débarqua à Cotonou le jour de la tenue de leur procès. Mais tôt au petit matin à 3h du mat, ils étaient déjà passés de vie à trépas.
Ironie du sort, ces derniers ont été passés aux armes chacun soigneusement ligoté à un cocotier sous la direction du Commissaire de police Pascal TCHIAKPÈ sur la berge de la plage en face du domicile de fonction du lieutenant des Douanes Léon Taïgla où ils eussent commis leur crime odieux.
Pour plus de détails sur ce malheureux événement, je nous exhorte à écouter une des chansons du célèbre parolier béninois de vénérable mémoire Adjahoui d’Avrankou qui y a fait l’historique.
Pour notre gouverne, le Commissaire de police feu Pascal TCHIAKPÈ est devenu plus tard Avocat au Barreau du Bénin avant de décéder. Il est le père géniteur de mon ami Patrick TCHIAKPÈ, lui-même actuellement Avocat au Barreau du Bénin depuis 2002.
Récit du com. Apol Émérico ADJOVI
Quelqu’un nous a fait la grâce de mettre en ligne la chanson de Adjahoui y afférente
Voici le lien.
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