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BENIN PRÉSIDENTIELLE 2021 : QUEL PROFIL POUR LE PROCHAIN PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ?

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Depuis l’historique Conférence nationale de février 1990, le Bénin fait tous les 5 ans l’expérience d’alternances politiques. Les élections présidentielles successives qui leur donnent lieu, sont souvent des occasions festives sans que le peuple se préoccupe sérieusement des offres d’une gouvernance alternative de la part des prétendants à la fonction suprême au sommet de l’État. Et pourtant, la marche en avant de tout pays vers son développement maîtrisé en dépend ! Il en a été particulièrement ainsi pendant 25 ans à l’occasion des élections présidentielles de 1991 à 2016.

L’emballage était tellement beau que, sans trop réfléchir et sans grand discernement, le peuple y a adhéré, l’a “acheté” sans aucune condition particulière.

Alain ADIHOU

La présidentielle de cette année-là a marqué une certaine rupture. Le candidat qui a été finalement élu à l’issue de la compétition l’a clairement indiqué : « rupture » et « nouveau départ ». Rupture d’avec ce qui se faisait et nouveau départ pour de meilleures perspectives. À cette double condition, le peuple lui a accordé sa confiance et son suffrage.

Ce soutien indéfectible du peuple était l’expression sincère de ses aspirations profondes. C’était un peuple fatigué, émasculé, abusé et meurtri par les excès de ses dirigeants. Il voulait une rupture et on la lui a servie. Ainsi, le candidat élu président a fait la lecture qu’il fallait et a, par conséquent, élaboré puis “vendu” le discours attendu. Un discours politique bien emballé, qui était véritablement de circonstance. L’emballage était tellement beau que, sans trop réfléchir et sans grand discernement, le peuple y a adhéré, l’a “acheté” sans aucune condition particulière. L’œuvre de séduction était donc parfaite ; un concours de circonstance magistral. Aujourd’hui, à regrets, je confesse que j’y ai contribué. Même modestement !

Une fois l’euphorie de la victoire passée, le nouveau patron du Bénin s’est retrouvé comme tous ses prédécesseurs face à la réalité du pouvoir. Le peuple, quant à lui, s’est retrouvé face à la réalité du personnage élu. Contrairement aux autres élections, il s’était peu appesanti sur la qualité intrinsèque du postulant à la fonction. Le président sortant présentait la supposée grande capacité financière de ce dernier comme un facteur limitant de ses ambitions. Le peuple, peu ou mal informé, s’est royalement convaincu du contraire. Il m’a été rapporté que beaucoup de citoyens, notamment les femmes et les conducteurs de moto taxis (zémidjans), n’avaient vu le candidat que dans les journaux et sur les affiches. Ils en savaient vraiment très peu sur lui. Je me souviens de ces déclarations selon lesquelles il allait distribuer des millions de nos francs quand il sera élu, ce que beaucoup de nos mères et sœurs des marchés croyaient religieusement !

Une fois installé, l’homme, inconnu à tous points de vue, s’est révélé tout naturellement. On ne change pas sa nature. Si le nouveau président de la République n’était pas un humaniste, ne lui demandez pas de le devenir une fois qu’il a pris le pouvoir. Ainsi donc, très vite le peuple s’est mordu le doigt. Le vœu tant caressé des masses populaires d’avoir un chef qui se préoccupe de leurs souffrances et se penche enfin sur leur cause, a tourné court dès les premiers mois de son accession au pouvoir. Très vite, le nouveau « roi » a commencé à afficher de la certitude, de l’intransigeance, de l’insouciance et même de la rigidité envers ses dirigés qui sont pour la plupart des petites gens et des « gagne-petits ». Ils voyaient en lui un espoir pour leur mieux-être. Ce n’était pas surprenant outre mesure puisque c’était le personnage qui se révélait. Il n’était pas vraiment le compagnon, encore moins l’obligé, de ces foules qu’il saluait. Comme il aime à le dire lui-même, c’était des « compagnons politiques », c’est-à-dire des compagnons de circonstance. Plus difficilement à accepter par les concernés, c’était des échelles dont le candidat s’était servi pour gravir les marches conduisant au fauteuil de la Marina. Dès les premiers mois de sa gouvernance, le peuple s’en est convaincu, qui s’est mis à observer plutôt qu’à vraiment soutenir.

Aujourd’hui, à regrets, je confesse que j’y ai contribué.

Alain ADIHOU

Les fruits n’ont donc pas tenu la promesse des fleurs. Du moins, il y a eu un regrettable quiproquo entre les annonces du nouveau dirigeant et les attentes des dirigés. Très vite, le nouveau locataire de la Marina s’est mis dans la peau d’un chef, le chef absolu. Les dirigés eux souhaitaient un serviteur, le premier d’entre eux tous. Ensemble pensaient-ils, ils devaient promouvoir le bien commun dont dépend le bien-être de chacun. Très vite, le désenchantement du plus grand nombre s’est installé et le contrat social a volé en éclat. Depuis lors, comme Diogène en plein midi, le peuple du Bénin s’est remis à chercher celui qui correspondra à ses attentes pour le relèvement concerté et participatif du défi national dès 2021.

On peut faire l’exercice de se mentir, mais on ne commettra pas l’erreur de dire que le peuple béninois pris dans son entièreté a été vraiment satisfait de ce régime. Ce n’était pas vraiment ce qu’il voulait.

Les résultats des investigations sont très clairs. En 2021, les béninois ne veulent plus choisir leur président par défaut. Plus de sauveur venu de nulle part. Plus d’homme d’affaires qui ne jure que par l’argent et l’intérêt matériel. Mais quelqu’un qui connaît le pays, qui connaît les difficultés de la vie et les souffrances du peuple et les a vécues avec lui. Qui a le sens de l’homme, du peuple et de la Nation à servir. Également, le sens du bien commun et de l’État. Un homme de paix et de vision. Qui a la crainte de Dieu. Au total, un homme politique, de cœur et d’expériences.

Quelques mois nous séparent de la prochaine présidentielle, et déjà certaines intentions se font jour. D’autres se préparent ardemment et vont bientôt se faire connaître. Forcément, le jeu devra être ouvert, à moins que l’occupant actuel du fauteuil décide d’aller contre la volonté du plus grand nombre de ses dirigés, en faisant du forcing !

Forcing. Ce mot colle bien au personnage. Forcing pour les législatives, forcing pour les communales et comme il n’y a pas deux sans trois on pourrait dire forcing pour la présidentielle.

En tout cas, beaucoup de ses caciques affichent déjà certitude et même extase. Pour eux, 2021 n’est plus un objectif à atteindre. Tellement la machine est bien huilée. Il n’y a plus rien à redouter. Ils ignorent ce que la vie nous enseigne tous les jours, à savoir, le relativisme des choses. Une seule réalité, au-dessus de toutes, est permanente : Dieu.

Je ne ferai donc pas cet affront de tout savoir sur demain. Je me ferai simplement le devoir de dire que demain se chargera de lui-même. Je tiens tout simplement à rappeler à l’attention des dirigeants que, entrant en fonction le 6 avril 2016, le président de la République a prêté serment. Ce serment retentit encore dans les esprits des millions de béninois. Ils s’en souviennent en chœur.

Ce serment était celui du mandat unique. Vous avez dit que, à titre personnel, vous vous imposerez de “faire le job” en un mandat unique de cinq ans, même si la réforme qui devait en établir le principe pérenne n’était pas validée par qui de droit. Se souvenir de son serment et de la parole librement donnée, et les respecter dignement pour se faire à jamais respecter en tant qu’homme de parole, donc un grand homme, est un geste de grandeur.

Si, contre toute attente, surtout de la part de ses adulateurs, le président de la République prenait courageusement cette sage décision, je suis persuadé que ses concitoyens le lui revaudront.

En effet, quoiqu’apeuré et affamé, le peuple, au service malheureusement duquel il s’est rendu impopulaire en faisant d’une part des réformes jugées néanmoins courageuses, et d’autre part en ouvrant, partout dans le pays, différents chantiers non prioritaires parce que non vitaux pour la population, et en y construisant à crédit bétons sur bétons, pourra lui reconnaître ce travail de maçon et confié sans troubles ni heurts ses destinées à quelqu’un d’autre qui saura tresser le bout de la nouvelle corde à l’épissure de l’ancienne. Cette fois-ci, il veillera à remettre la gestion de son avenir à celui qui sera capable de mettre désormais l’accent sur l’humain. Car, jamais dans aucune culture, l’avoir n’a déterminé et assujetti l’être. Continuité de l’État oblige !

Alain ADIHOU

Reporter Bénin Monde

 

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