À travers un nouveau post sur ses comptes officiels. l’activiste béninois se laisse aller à ses réflexions…
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DE L’ÉVALUATION DIAGNOSTIQUE À LA STIGMATISATION: ENDIGUER LES PRÉMICES D’UN CONFLIT FRATRICIDE
Je me suis gardé de toute intervention, dans l’insipide méli mélo qui s’est construit autour de la question dite d’évaluation diagnostique des enseignants d’une promotion précise; comme si l’on avait un grief particulier contre celle-là; comme si on avait pris le pari délibéré de la stigmatiser, spécifiquement ; de l’humilier, parmi toutes; et j’ai vu à quel point ces enseignants étaient objet de risée sur les réseaux sociaux ces dernières semaines.
Sans rompre mon pacte délibéré avec le silence sur le fond du sujet, je veux parler ce soir; parler pour m’adresser aux autorités politiques de ce pays; aux médias qui les accompagnent; aux hommes qui les soutiennent.
Un tableau statistique dont je me garde d’apprécier la fiabilité des données est abondamment diffusé sur les réseaux sociaux, par le canal des communicants bien connus comme relais de la Direction de Communication de la présidence de la République, sur les réseaux sociaux.
Choqué par le chiffre de 102% affiché pour le compte d’un des départements du pays, dans un contexte général marqué par un constat significatif de boycott, il m’est arrivé à l’esprit de marquer un commentaire suspicieux au sujet de ce curieux taux; et voici que me répond l’un d’eux, repris et soutenu en chœur à mots superposables par la horde : << Beaucoup ont quitté d’autres départements pour composer dans le département de l’Atlantique pour raisons sécuritaires…>>. Et il poursuit : << Par exemple, 132 ont quitté ailleurs pour composer dans le Zou>>.
C’est alors qu’il me vient à l’esprit d’esquisser une stratification de la configuration des résultats par département: plus de 102% dans l’Atlantique, par hasard département d’origine du président de la République, près de 99 % dans le Zou, par hasard département d’origine de la mère du président, près de 98% dans le Littoral, dernier segment du triangle Fon, offrant un peloton de tête constitué par les trois (03) départements, où l’ethnie Fon domine, écrase. Je n’ai pas eu besoin de forcer les traits.
JE VEUX QUE CECI SOIT CLAIR:
Comme le président de la République, je suis Fon, originaire du département de l’Atlantique; et comme lui, par ma mère, je suis du Zou, et d’ailleurs de la même commune, et de ce quartier où se trouve sa résidence personnelle du Chef de l’État.
“MAIS J’AI UNE QUESTION.
Depuis quand et par qui , les départements de l’Atlantique, du Zou et du Littoral ont été classés plus sécurisants que les autres?
En serions-nous arrivés à mettre dans la tête des enseignants de nos enfants qu’ils seraient plus en sécurité dans les départements d’origine du père et de la mère du président de la République que n’importe où ailleurs sur le territoire national?
L’État n’a-t-il pas le devoir, la responsabilité, pour être réel, de rendre son autorité effective et acceptable sur l’ensemble du territoire?
Il y a maintenant un an, j’ai entamé un Tour du Bénin, allant dans chacune des 77 communes de notre pays, dans 350 arrondissements; et ce, à moto; de jour comme de nuit; et sans garde-du-corps, pour échanger avec nos compatriotes.
Où que je sois allé, du nord au sud, de l’est à l’ouest, à aucun endroit sur l’étendue du territoire, je n’ai eu le sentiment que mon nom “AMOUSSOU” et ma région d’origine, mon ethnie “fon” ( à la rigueur Adja, comme on pourrait penser) aient été un atout ou une menace, quoi que le fond des sujets en débat, pouvait parfois nous opposer.
Maintenant que seuls trois départements du pays paraissent avoir été décrétés sécurisants par les soutiens du pouvoir et semblent être entendus tels par les enseignants, devrais-je avoir à craindre que pour les prochaines élections, nous obtentions 700% de participation dans les régions x, y, et z; au prétexte que les citoyens des régions a, b, c, d, e, f, g, h et i seraient venus exprimer leur vote, dans l’espace géographique où ils auraient senti leur sécurité moins menacée?
Que deviennent les temps actuels ?
Je me souviens encore, outre ici, du Docteur Rafael Leonidas Trujilo Molina, <<Honorable Président de la République dominicaine, Bienfaiteur de la Patrie et Reconstructeur de l’indépendance financière de la République » qui se faisait élire et réélire, de bonne foi, avec plus de voix que de votants.
Et maintenant que mon pays est rentré, sans pudeur, dans la grande ère des 102% et poussière ; maintenant que je lis sur les réseaux sociaux des commentaires du genre : << on sait désormais de quelles régions proviennent les enseignants cancres et paresseux>>, je frémis pour l’avenir en méditant le récit de cet homme qui m’eut rapporté, bouleversé, un mémorable jour _mais je préfère le mettre en doute_relativement au dossier FNM, qu’une autorité hiérarchique aurait instruit un Procureur_j’ignore lequel, en distinguant parmi les prévenus : <>.
Prévenir la stigmatisation, prévenir la guerre des régions, des ethnies, c’est maintenant ou jamais.
Nous sommes onze millions (11.000.000) de frères.
Constantin AMOUSSOU
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