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ETAT DE LA TERRE AU BÉNIN

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Dans le cadre de la journée Internationale de la terre célébrée le 22 Avril, Reporter Bénin est allé à la rencontre de Dr Guy WOKOU, Environnementaliste, Secrétaire à la Communication et à l’Information de l’Association Béninoise des Professionnels de l’Environnement. Il nous parle de la prise de responsabilité par l’Etat béninois pour la préservation de la terre et l’ultra importance de la sensibilisation des populations à cette fin…

Que vous inspire la Journée Internationale de la Terre ?
– Qui parle de terre, parle d’environnement parce que la terre fait partie intégrante des quatre grands éléments composant l’environnement. La journée mondiale de la terre célébrée nous renvoie vers l’environnement pris dans sa globalité mais de façon spécifique au sol. De plus en plus un certain nombre d’impacts sont visibles dont la pollution, la dégradation, la pollution par les eaux usées et les poudres de vidanges et du compactage du sol pour ne citer que ceux-là. Ce sont des éléments dont on tient compte pour réfléchir au cours de cette journée qui est toute fois une belle initiative pour une réflexion sur l’environnement, la préservation et la sauvegarde de notre terre. Cette journée doit être celle d’actions concrètes.

Nous sommes à une période où la mobilisation autour de la préservation de l’environnement est à son comble pensez-vous que le Bénin est aussi concerné ?

– Notre pays est concerné par tout ce qui touche la terre ; pollutions, dégradations et les impacts directs et indirects sur elle sont des défis pour tous les pays africains. Aujourd’hui, nos terres ont perdu leur fertilité, leur substance nutritive. Après des études, que nous avons réalisé sur le Bassin versant du zou, un bassin à cheval sur deux grands départements nous nous sommes rendus compte que sur 75% à 80% la fertilité des terres a largement baissé, nous avons pris plusieurs échantillons, analysé dans plusieurs laboratoires pour des études sur études. Le constat était que la terre a perdu toutes ses substances soit en Carbone en Phosphore soit en Potassium et autres…Il faut reconnaître qu’il y a une rareté des terres fertiles, la durée des jachères n’est plus ce qu’elle était, nous n’avons plus les jachères de longue durée et plusieurs raisons l’expliquent du fait de son utilisation. C’est l’expansion démographique qui fait que nous prenons d’assaut toutes les terres agricoles aujourd’hui et on est obligé de les exploiter. Il n’y a donc plus d’espace ailleurs pour aller produire et pour laisser ce sol en jachère pendant une longue durée, le temps que cette terre puisse régénérer et retrouver cette substance.

Quelles sont les causes de cette baisse de fertilité?

– Les raisons sont nombreuses, les paysans utilisent les engrais chimiques de qualité douteuse. Ils vont s’approvisionner au Nigeria, au Ghana et non contents, utilisent des doses exagérées, nuisibles et inappropriés. Ces doses font perdre au sol leur fertilité. Par ailleurs dans les zones périurbaines, il n’y a plus de terres disponibles alors qu’il faut produire et mettre en valeur les métiers verts aujourd’hui bien en vogue. La dégradation de la terre est visible, l’impact est visible, la pollution est visible quand ce n’est pas les eaux usées qui dégradent et polluent il y a plusieurs autres choses qui se passent et fragilisent le sol et tous les pays de l’Afrique sont concernés par cette problématique. Nous sommes concernés au même titre à cause du niveau sans cesse croissant de la dégradation, de la pollution, de la mauvaise gestion des déchets solides et autres, des épaves et de conséquence de l’action humaine. Nous sommes bien conscients de notre responsabilité parce que les épaves sont visibles.

Que devrions donc nous faire ?

– Il faut déjà encourager la prise de conscience sérieuse au Bénin qui s’est traduit par des dispositions prises par le législateur pour protéger l’environnement. En exemple, nous avons la Constitution du Bénin en son article 27 qui pose la nécessité du droit à un environnement sain, viable et durable par tout individu, il y a également la Loi-Cadre sur l’environnement qui date de 1998 loi 98-030 du 12/02/1999 portant Loi-Cadre sur l’environnement en République du Bénin comportant près de 134 articles qui informent sur comment préserver notre environnement, nos terres; comment gérer les déchets solides pour éviter la pollution; comment gérer les terres agricoles et autres. Le législateur et l’exécutif ont prévu plusieurs dispositions qui abordent la manière dont il faut gérer nos terres pour éviter ou réduire la dégradation et la pollution, encadrer la gestion des déchets solides ménagers, industriels, bio médicaux, et comment protéger les sols des substances chimiques. Toutes ces dispositions sont contenues dans le nouveau Décret 2017-332 du 06 juillet 2017 portant Organisation des Procédures d’Elaborations Environnementales en République du Bénin. Mais cela ne suffit pas ; En ma qualité de Secrétaire à la Communication et à l’Information de l’Association Béninoise des Professionnels de l’Environnement ABPE nous faisons énormément de choses et collaborons avec divers acteurs pour la préservation de l’environnement et la sauvegarde de nos sols mais on ne peut pas se limiter à ça.
Il faut engager davantage l’État et faire un travail de fonds niveau sensibilisation et éducation. Qu’il donne les moyens aux professionnels pour faire le travail. Il faut axer la question sur l’éducation des populations. Je parlerai de la méthode IEC, Information Education et Communication. Les populations sont aussi complices de la dégradation et doivent changer les mentalités qui cautionnent des gestes qui ont pour conséquence de dégrader l’environnement. Toutefois, nous nous réjouissons du vote de la Loi portant Interdiction de la Pollution de l’Exportation de la Commercialisation de la Détention de la Distribution et de l’Utilisation des Sachets Plastiques Non Biodégradables en République du Bénin mais il faut veiller à la traduire en langue facile pour les couches rurales et sensibiliser autour afin que les populations prennent conscience des risques qu’elles courent et que tout le monde devienne gardien de tout le monde pour la préservation de la terre. Il est vraiment important d’œuvrer à la sensibilisation à la communication et à l’éducation des populations et autres avant de passer à la phase répressive.
Reporter Bénin

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