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PROBLÉMATIQUE DE DROGUE EN AFRIQUE (I)

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Le 26 Juin se célèbre la Journée internationale contre l’abus et le trafic de drogue. Le thème retenu est “la santé pour la justice, La justice pour la santé.” Pour aborder la problématique, nous avons posé quelques questions, Gnadjosse koffi Dovene est juriste et Consultant sur les questions de lutte contre la consommation de drogues et le respect des droits humains. Président de l’ANLCDI Niger. Il nous répond dans la première partie de ce travail.


RBM: Quel bilan fait de la lutte contre la drogue en Afrique francophone.?

L’Afrique francophone est en train de faire de petits pas mais qui sont des pas de géant en ce qui concerne la lutte contre le trafic de drogue .Au niveau étatique ,nous avons plusieurs accords et traités signés dans le cadre de la CEDEAO pour renforcer la coopération, d’abord inter pays ,pour renfoncer nos frontières, afin que les drogues ne puissent plus circuler librement . Le Sahara, espace compris dans l’Afrique Francophone est en grande partie incontrôlable ce qui favorise le trafic en témoigne les chiffres élevés de quantité de drogues saisies ces derniers mois dans le Sahara. L’Afrique francophone a aussi été approvisionnée énormément en chanvre indien qui provient du Ghana et Nigeria donc la lutte est en train de s’intensifier au niveau des États.

2. RBM: Au delà des États, quels autres acteurs font le combat?

La société civile fait de son mieux mais par le passé nous avions connu une société civile qui a basé son action essentiellement sur la répression, la prévention et sur l’abstinence mais aujourd’hui la société civile en Afrique de l’Ouest est en train de se reconvertir dans ce qu’on appelle la réduction des risques liés notamment à la consommation de drogue. Nous avons quand même en Afrique francophone le premier Centre qui se trouve au Sénégal le CPIAD_Centre de Prise en charge Intégrés des Addictions de Dakar qui est un centre de référence et un peu partout dans les pays; existe aussi des unités psychiatriques qui traitent de ces questions de drogue .La société civile en appui avec la commission Ouest Africaine de lutte contre la drogue a sorti une loi qu’on appelle la loi-type sur la drogue qui devrait être un référent pour les pays qui veulent emboîter le pas du changement.

RBM: Mais nos législations pour la plupart sont prohibitionnistes, Que devra t-on attendre d’elles dans ce cas?

Effectivement que aujourd’hui nos législations sont des législations extrêmement prohibitionnistes,ce sont des législations extrêmement dures et à ce titre, elles ne permettent pas la réduction des risques or nous savons que si nous réduisons les risques au niveau des consommations de drogue ,nous trouvons par conséquent une solution pour le VIH/SIDA ,nous trouvons une solution pour l’hépatite B,nous trouvons une solution pour la délinquance ,nous trouvons une solution pour la criminalité, nous trouvons une solution pour plusieurs autres maux qui minent notre société et qui restent très liés à la drogue . En tant qu’acteur de la société civile je peux affirmer qu’elle n’est pas restée en marge de cette problématique. Nous sommes en train de mener des combats pour arriver à implanter un système de réduction des risques… C’est vrai que nous faisons de la prévention mais nous mettons l’accent pour que les usagers ne soient pas vus comme des délinquants ,comme des déviants mais comme des êtres humains qui doivent être soignés . On est d’accord aujourd’hui sur le fait que la toxicomanie est une maladie et que l’agent causale de cette maladie c’est le produit stupéfiant donc il faut soigner. Quelqu’un qui est malade n’a pas sa place en prison …donc voilà les efforts que l’État fait et voilà aussi la contribution de la société civile

RBM: ” La santé pour la justice, La justice pour la santé est le thème retenu pour cette édition ” Qu’en pensez vous?


“concilier la lutte contre la drogue et le respect des droits humains ,si vous conciliez la lutte contre la drogue et le respect des droits humains

Bon c’est des termes très voisins, mais je crois que aujourd’hui nous sommes en train de mettre l’accent sur “la santé pour la justice”. Pendant longtemps on a mis l’accent sur la justice et négligé le côté santé. Notre justice pénale en Afrique est très rigide, elle ne permet pas l’intervention sanitaire .C’est pourquoi le travail que mène la société civile ,le travail que mène les organisations humanitaires c’est de dire “concilier la lutte contre la drogue et le respect des droits humains ,si vous conciliez la lutte contre la drogue et le respect des droits humains ça veut dire que prochainement l’emprisonnement ne sera pas la première solution ,l’emprisonnement ne sera pas le premier réflexe. Le premier réflexe, c’est de dire :il faut soigner les usagers ,il faut mettre l’accent sur la santé et à travers ça on met la discrimination de côté, on met la stigmatisation de côté, on met l’emprisonnement de côté.

En mettant l’accent sur la santé, la justice aura moins de place et on pourra renforcé les efforts judiciaires vers le trafic de drogue parce-que l’usager lui même en tant que tel se retrouve victime d’un produit . La lutte sera donc à l’encontre de ceux qui ravitaillent l’usager, ceux qui font le trafic de drogue .Ce sont les trafiquants de drogue qui doivent être punis sévèrement et punis dans la plus grande civilité de la loi qui doit protéger les droits des usagers notamment le droit à la santé, le droit à la vie, le droit au respect, le droit au bien-être.En Afrique francophone, toute nos législations sont répressives mais dans ces législations on prévoit également des peines alternatives. Ces peines alternatives c’est notamment : l’injonction thérapeutique où le juge ordonne à l’usager de drogue d’aller se faire soigner .Mais ces injonctions thérapeutiques sont rarement mise en place, elles sont rarement ordonnées par le juge,parce-que tout simplement nous ne disposons pas d’unités de soins dans nos pays, nous ne disposons pas d’unités de prise en charge des usagers .Et l’autre insuffisance de nos législations est l’addiction, on ne force pas un usager de drogue à se soigner, on ne l’oblige pas à se soigner or pour obtenir du résultat, il faudrait entrer dans un processus de prise en charge où l’usager lui-même trouve la nécessité d’aller se faire soigner. Dans nos systèmes on envoie l’usager en prison bien qu’il n’ait n’a pas pris sa décision intrinsèque d’arrêter ,il n’a donc pas une motivation intrinsèque d’arrêter, vous l’envoyez en prison ,il recommence encore sa consommation en prison, et l’un des échecs de l’emprisonnement c’est que dans nos pays ,nos prisons sont des lieux qui sont pollués des drogues. Si le parquet arrive à faire des procédures pour détention de drogue en milieu carcéral ,ça veut dire qu’on retrouve des drogues dans nos prisons. Je vous explique, le schéma est très clair: on condamne quelqu’un pour usage de drogue,on l’envoie en prison ,nous savons que la peine a une fonction punitive ,une fonction expiatoire, une fonction de regrets et une fonction de sociabilisation ou de réinsertion. Or en ce qui concerne la consommation de drogue, toutes ces fonctions là ne sont pas remplies par la peine …parce-que nous avons assez de récidives et en science criminel quand vous avez assez de récidives pour une action ça veut dire que la solution trouvée à l’infraction qui est l’emprisonnement n’est pas la bonne.

RBM: Comment selon vous peut-on venir à bout de ce fléau sur notre continent?

Nous savons aujourd’hui qu’un monde sans drogue n’est pas possible et parce-qu’un monde sans drogue n’est pas possible il faut gérer l’humanité avec les drogues d’une manière plus consensuelle d’une manière plus respectueuse des droits humains

GNADJOSSE Koffi Dovene

Vous savez que pendant longtemps on a parlé de le guerre à la drogue où on a utilisé des centaines de millions de dollars pour traquer les gens ,pour condamner les usagers ,pour faire ceci pour faire cela . Après analyse, on se rend compte que cette politique a échoué, la guerre contre la drogue a échoué et il y a plus d’usagers de drogues, il y a plus de consommateurs de drogue c’est pourquoi nous plaidons pour une prise en charge et optons pour la réduction. La bonne manière de lutter contre la drogue est de mettre l’accent sur les droits humains …parce-que de toutes les façons ces politiques répressives ces politiques prohibitionnistes ces lois prohibitionnistes ont montrés leurs limites. La seule voie aujourd’hui qu’on peut prospecter c’est la voie de la réduction des risques c’est la voie du respect des droits humains c’est la voie de la prise en charge sanitaire. Nous sommes convaincus que, quand nous actionnerons ces voies et ces politiques où nous mettrons désormais l’accent sur l’homme nous obtiendrons des résultats. Nous savons aujourd’hui qu’un monde sans drogue n’est pas possible et parce-qu’un monde sans drogue n’est pas possible il faut gérer l’humanité avec les drogues d’une manière plus consensuelle d’une manière plus respectueuse des droits humains

ReporterBéninMonde

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