« NA YI NOUKON » un cocktail d’émotions !
C’est à l’occasion d’une conférence de presse qui s’est tenue le samedi 19 – 01 -2019 à Cotonou, que l’artiste Slameur (mais également Écrivain et Journaliste Culturel) Djamile Mama Gao ; marque officiellement la sortie de son premier album. Cette présentation a connu la présence du gratin culturel dont Sergent Markus, Mory Touré, Éric Gbèha, Gopal Das, MRV, pour ne citer que ceux-là…
« Na Yi Noukon » : Un Cocktail D’émotions !
Intitulé « NA YI NOUKON » qui signifie « J’irai de l’avant » en Fongbé : langue la plus parlée au Bénin (plus de 60 % de locuteurs), l’album est composé de 12 titres tous à la fois différents, personnels, et singuliers.
Pour étoffer sa démarche artistique, qui s’avère être cosmopolite, Djamile Mama Gao, s’est entouré de 4 ingénieurs de sons (Yanic Tchaou, John Kidas, iChris Ibunku & Valdo Kpodiefin), et de plusieurs artistes en featuring dont entres autres de Ralami (chanteur), Charly Charles (chanteur), Kemtaan (chanteur), Yemissi (chanteuse), les Twins Dossou-Yovo (acteurs culturels, mais slameur sur l’album) et Yanic Tchaou (qui s’est également prêté au chant).
Cela dénote de la volonté de Djamile Mama Gao, de proposer une œuvre suffisamment atypique pour ne laisser personne indifférent. Pour peu qu’il allie plusieurs références africaines notamment traditionnelles, plusieurs influences griotiques, plus langues du continent, plusieurs couleurs rythmiques et plusieurs façons de dire ses textes, qui confèrent à son projet une authenticité marquante.
« Na Yi Noukon » : Une Tracklist Expressive !
Ce qui se ressent d’ailleurs, à travers les titres de l’album qui ont été mis en écoute lors de la conférence de presses. Il en ressort que : Réveille-Toi est un appel à soi et à l’action pour les africains qui passent plus de temps à se plaindre qu’à agir ; Vodoun Gnon, est une chanson qui se veut pédagogique et révélatrice de la bonté du Vodoun, de sa légitimité, et de la nécessité de chercher à découvrir cette spiritualité sans le prisme des critiques coloniales ; Na Yi Noukon, est une invitation à croire en ses potentiels, et à avancer malgré toutes les embûches de la vie ; Je T’emmènerai, est une chanson qui tente de consigner ou retranscrire, l’érotisme à l’africaine, de mettre en exergue le pouvoir sensuel de la parole et des langues de chez nous ; T’aimer Au Calme, est un titre sur lequel Djamile se risque au chant, et casse les codes du slam résolument fixé ; Poupée est une prise de risque assumée, d’autant plus qu’il s’agit d’un titre aux accents zouglou, sur lequel, le slameur critique avec drôlerie et un parler totalement débridé, les excès de ces femmes qui se maquillent) ; Je Ne Suis Qu’un Homme est ce qu’on peut appeler un aveu de ses limites en tant qu’humain, Tu Peux renoue avec l’optimisme qui doit constamment nous guider pour faire face aux on-dit et découragements ambiants ; Quand Tu Seras Grand est une élégie d’un père à l’égard de son enfant, avec ses recommandations, ses vœux, et ses promesses de responsabilités ; Koumi Dèdè se veut être comme une prière solennelle, une allégeance à Dieu ; Je Suis Albinos est un message de sensibilisation et d’humanisation des albinos ; Congo-Laid (néologisme volontaire) est un coup de gueule ou un titre de constatation de la situation douloureuse et effroyable du Congo un jeu de mot pour souligner combien le Congo plein de richesses ne cesse de s’appauvrir depuis des siècles.
Ainsi, dans chaque morceau, on retrouve comme un écho de ses influences multiples, de ses écoutes nombreuses, de ses origines plurielles et du sens du brassage interculturel que l’artiste entretient quotidiennement, et auquel, il tient à rendre hommage. Il faut croire que pour Djamile Mama Gao, le monde est un métissage intemporel.
« Na Yi Noukon » : Un album à prétentions
A l’entendre passionnément expliquer l’esprit de son travail et son intention artistique, l’objectif de Djamile Mama Gao, c’est de faire du Slam un élément du showbiz ; d’amener les populations à appréhender autrement cet art si souvent pris pour être l’apanage des élitistes. Ainsi, il semble s’appuyer sur la langue française pour mieux s’affranchir de ses exigences strictement poétiques. En même temps qu’il ne perd pas de vue, la nécessité d’explorer les langues africaines, qu’il s’agisse du Baatonu (dans Je t’emmènerai, ou Quand tu seras grand, etc.), du Swahili (dans Je suis Albinos), du Lingala (dans Tu peux), du Fongbe (dans Koumi dèdè, ou Vaudou Gnon), du Bambara (dans Je t’emmènerai) ; et même d’élargir à l’anglais pour s’offrir une perspective davantage internationale (dans Réveille-toi).
C’est dire que la première prétention de Djamile Mama Gao, c’est de faire de « Na Yi Noukon », un creuset où les langues viennent dialoguer.
Mais plus encore, le slameur, semble vouloir prouver que sa pratique du slam est avant tout, musicale. Il semble donc entretenir cette autre prétention qui consiste à faire une mixture permanente entre les sonorités africaines, les résonances électriques et les tendances actuelles. Ce qu’il baptise ” l’AfroSlam “.
Un style qu’il promet mettre suffisamment en valeur, pour atteindre ses prétentions de vente qu’il évalue à près de 150 000 ventes en Europe, 10 000 ventes en Afrique et plus de 1000 ventes au Bénin.
« Na Yi Noukon » : Une pochette doublement insolite
Plus loin, Djamile Mama Gao, n’hésite pas à revisiter pour la pochette de son album, l’héritage du Vinyle, tout en conservant les codes actuels de l’univers de la musique ; c’est-à-dire les disques compacts.
Un choix significatif qui montre que l’orientation visuelle du cover de l’album est pensée dans la même longueur d’ondes que la version physique. Autrement dit, la symbolique autour de l’album de Djamile Mama Gao porte des origines historiques, faisant un pont entre le passé et le présent, pour réinventer l’avenir. D’après le slameur lui-même, ses choix tiendraient leur source de la civilisation Akan du Ghana ancrée dans la quête perpétuelle. Une quête faite de la recherche permanente de la connaissance, de l’examen de soi, inspiré du Sankofa, un oiseau mythique qui vole vers l’avant, la tête tournée vers l’arrière. Ce qui reflèterait la croyance Akan selon laquelle, le passé sert de guide pour préparer le futur.
Un choix qui surprend, qui sort des codes habituels, qui montre une fois de plus, que Djamile Mama Gao prend plaisir à bousculer les attentes et à se renouveler continuellement.
L’artiste et ses œuvres…
Soulignons que Djamile Mama Gao est Togolais et Malien par ascendance, mais originaire du village de SORI au Nord du Bénin. Il est né le 25 Février 1993 à Parakou, et c’est après des études au Prytanée Militaire de Bembèrèkè et une formation journalistique, qu’il a décidé de se consacrer aujourd’hui à ses carrières artistiques et culturelles.
Ainsi, il endosse à la fois les casquettes de slameur, d’écrivain, de journaliste culturel, d’artpreneur, de modèle photos, et aussi de bloggeur. A son actif plusieurs écrits, plusieurs livres, tels que :
Corps-accords, Les Editions du tamarin, 2014 (Poésie)
Une saison en Afrique, Les Editions Savane, 2017 (Poésie)
Odalisques, Les Editions du Tamarin, 2013 (Collectif)
Mandéla, la grande rencontre, Les Editions du Tamarin, 2015 (Collectif)
La mort est dans l’attente, Les Editions du Tamarin, 2015 (Concours national de Nouvelles « Écrivains Humanistes »)
Ordalies, Les Editions du Tamarin, 2015 (Collectif)
La tranchée, Les Editions plurielles, 2015 (Concours National de Nouvelles « Plumes Dorées »)
L’objectif de DJAMILE, c’est de faire du Slam un élément du showbiz ; amener la population à appréhender autrement cet art, Prouver qu’il n’est pas qu’une succession de mots, de phrases et encore moins de rimes. Et pour ainsi dire le choix très significatif de la pochette Vinyle pour son album.
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