Une lecture du comportement électoral au Bénin par Nourou Dine Saka Saley…
Dans l’une de ses réflexions publiques, le juriste béninois Nourou Dine Saka Saley a abordé ce qui sous-tend les choix des présidents en République du Bénin par le peuple. Selon lui, depuis l’avènement du renouveau démocratique au Bénin, les élections présidentielles ont souvent été perçues comme une occasion pour les citoyens de sanctionner les chefs d’État en place. Ce phénomène, observé de Nicéphore Soglo en 1991 à Patrice Talon en 2016, interpelle sur les motivations du choix du politique par le citoyen au Bénin. Ce n’est pas tant que les présidents en fonction aient exercé un pouvoir totalement mauvais ou parce qu’ils aspirent nécessairement à prolonger leur mandat, mais plutôt parce que le peuple, manipulé par la classe politique, semble animer d’une volonté de “détruire” celui qui est au pouvoir.
Nourou dine Saka Saley affirme : “En 1991, Nicéphore Soglo fut choisi parce que les Béninois voulaient se débarrasser de Mathieu Kérékou. Ironie du sort, Kérékou reviendra cinq ans plus tard gérer le pays pendant dix ans, après que les Béninois en aient eu assez de Soglo, malgré ses efforts significatifs pour le développement du pays. Le même schéma s’est répété avec l’avènement de Thomas Boni YAYI , élu principalement parce que le peuple en avait marre du système Kérékou et de tous les candidats associés à ce régime, indépendamment de la pertinence ou non de leurs projets de société.”
En 2016, l’histoire se répète une fois de plus avec l’élection de Patrice Talon, élu parce que les Béninois voulaient tourner la page de l’ère Boni Yayi. Cette dynamique de choix présidentiel, basée essentiellement sur le besoin de se débarrasser du président sortant et de tous ses partisans, transforme les leaders politiques béninois en figures éphémères plutôt qu’en hommes d’État constants et durables. Rapidement, ils se retrouvent détestés par le même peuple qui les a portés au pouvoir entraînant un cycle incessant de désillusion et de rejet explique t-il…
Ce système constitue, selon lui, un véritable frein au développement du Bénin. “Chaque changement de président, motivé par un désir de rupture plutôt que par un choix réfléchi et constructif, empêche la continuité des projets de développement et de gouvernance.” Le peuple béninois mérite de choisir ses dirigeants sur la base de projets de société solides et visionnaires, plutôt que sur la capacité à évincer le président sortant et son système.
À l’approche des élections de 2026, Nourou dine Saka Saley appelle les Béninois à prendre conscience de cette dynamique destructrice et à faire un choix rationnel entre construire ou détruire. Même si pour lui l’environnement politique actuel au Bénin ne permet pas au peuple un choix outre que celui qui lui sera imposé par les dirigeants actuels. L’avenir du pays en dépend, car chaque peuple mérite le dirigeant qu’il choisit. Entretenir un cycle de sanction perpétuelle ne peut mener qu’à un éternel recommencement. Les Béninois doivent se tourner vers l’avenir avec discernement, en évaluant les projets de société proposés et en choisissant des leaders capables de porter une vision durable pour le pays, conclut-il.
Reporter Médias Monde
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