Plus de 50 ans après le 26 Octobre 1972, voici le Récit D’une Journée Mémorable par le Général Célestin GUIDIMEY
Bons tacticiens, forts de la qualité et de la discipline de leurs hommes regroupés sous leurs commandements dans l’unité la plus puissante des FAD, le sous groupement d’appui de Ouidah (49km de Cotonou), les jeunes Capitaines trentenaires Assogba et Aïkpé jouissaient par ailleurs de l’estime de leurs troupes dont ils sont très proches. Ils pouvaient compter sur elles pour tout ce qu’ils pouvaient leur « commander pour le bien du service et le succès des armées du Dahomey ».
colonels Maurice Iropa Kouandété et Benoît Sinzogan, directeur de la gendarmerie.
La charte du Conseil présidentiel, « solution miracle » selon ses initiateurs, a été imaginée par les militaires pour contrecarrer leurs irruptions intempestives sur la scène politique, mettre un terme à l’instabilité politique et instaurer un régime civil. Mais l’architecture institutionnelle inédite avait cette faiblesse qu’elle était restée floue sur l’avenir de la gouvernance du pays à l’issue du mandat de six ans qui devrait expirer en 1976. Zinsou, lui aussi ancien président, devant participer à la formule, avait décliné l’offre. Il se susurrait qu’après les 6 ans, une longue période transitoire en quelque sorte, des élections générales seraient organisées pour désigner comme président, celui des membres qui aurait le mieux gouverné le pays. L’idée de cette élection dont les contours n’étaient pas précisés, avait fait naître des rivalités au sein du Conseil dès son investiture le 07 mai 1970. Par exemple, le président en exercice du Conseil avait l’arbitrage des nominations tout en se taillant la part du lion.
Comé-Ouidah-Tori.
Face à des supérieurs tous déjà anciens présidents de la République (de Souza, Alley, Kouandété) et ne voulant plus refaire l’expérience d’une nouvelle remise de pouvoir aux civils, ces jeunes brillants officiers, respectueux de la hiérarchie, qui ne voulaient pas garder le pouvoir pour eux, étaient à la recherche d’un leadership militaire fort et rigoureux pour redresser le pays au bord de l’abîme et d’une guerre civile. De par leur position militaire du moment, ils se voyaient plutôt dans la posture de chiens de garde du régime militaire à venir que d’en être à la tête.
et la mise en sûreté du président Ahomadégbé et des membres du gouvernement, les auteurs du putsch réussi sont revenus à l’état-major pour leur rapport et les concertations en lien avec cette nouvelle prise de pouvoir. Entre temps, le capitaine Aïkpé a débarqué à Ganhi à la sûreté pour désarmer les policiers et s’assurer que l’ensemble de la garnison de Cotonou s’est ralliée au coup d’Etat.
La musique militaire diffusée en continue rappelait les épisodes des précédents coups d’Etat et en rajoutait à l’incertitude dans l’attente d’un message des nouvelles autorités militaires. Accrochés aux transistors grésillant, loin dans les contrées du pays, personne ne voulait rater aucun épisode de cette nouvelle page de l’histoire du pays qui s’écrivait.
À 20h30, la voix typique d’un militaire, qui sera connu le soir comme étant celle du chef de bataillon Mathieu Kérékou, annonçait à la fin de son discours un vibrant « Vive la Révolution »
Dans la foulée, la liste du gouvernement est publiée.
Douze membres, tous des officiers dont les chefs de bataillon Ohouens Barthélémy, Pierre Koffi, Michel Alladaye, les capitaines Assogba et Aïkpé, respectivement aux finances et à la sécurité.
L’arrivée au pouvoir des jeunes cadres des militaires et leurs alliés civils n’a pas stoppé les velléités putschistes des autres groupes d’officiers.
S’octroyant lui-même le portefeuille de la défense et le poste de chef d’état-major des armées, Kérékou, en nommant Alladaye, son adjoint à l’état-major, écarte certains de ses supérieurs, désactive d’autres en les mettant à la retraite d’office. Le 23 février 1973, Alley tente à son tour un coup d’Etat qui échoue et lui ouvre la porte de la prison avec beaucoup d’autres officiers.
Gle Célestin Guidimey/Matin Libre
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